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7 juin 2009

Bilan de la séquence 5

    BILAN de la séquence 5 : Fin de partie de Samuel Beckett. 

Dans cette séquence, nous avons défini ce qu'était, au XX°,  le théâtre de l'absurde et  en quoi ce théâtre déconstruisait les conventions théâtrales.

I] L'œuvre dans son contexte :

a. Le traumatisme de la Seconde guerre mondiale :

La seconde guerre mondiale qui fit entre 40 et 50 millions de victimes provoqua un bouleversement profond. A la fin des années 40, les témoignages sur les camps de concentration, la mise au jour des fonctionnements totalitaires conduisirent à une remise en question de la notion même d'humanité et à une interrogation nouvelle sur la condition humaine.

b. Le sens en question :

La question du sens et de la place de l'homme dans le monde est au cœur des interrogations qui agitent auteurs, intellectuels et artistes. C'est dans ce contexte que se développe une pensée de l'absurde qui voit le jour dès les années 40. Le doute et l'instabilité invitent alors les artistes à remettre en cause les formes reconnues : de nouvelles formes narratives, la déconstruction du personnage et de la voix narrative donnent naissance au Nouveau Roman. La littérature cherche à fragmenter le réel qu'elle décrit, à lui ôter cette cohérence harmonieuse à laquelle il ne semble plus possible de croire.

c. Le théâtre de l'absurde :

C'est le théâtre d'Eugène Ionesco, d'Arthur Adamov, de Samuel Beckett : il se définit par une rupture avec l'écriture dramatique traditionnelle et par l'image qu'il donne d'une humanité dérisoire, condamnée à une existence dérisoire et absurde. C'est un théâtre qui se caractérise par une interrogation commune sur l'action, le  personnage et le langage. Ainsi le personnage ne peut plus être une entité cohérente, psychologiquement unifiée, ce sont par exemple les pantins de Ionesco ou les clowns métaphysiques de Beckett. Autour d'eux, le monde est déconstruit et les objets ont pris une place importante (cf longue didascalie initiale). Les personnages sont là sans savoir d'où ils viennent ni où ils vont. Le langage pourrait encore donner du sens mais il est lui aussi incapable de comprendre le monde en un tout cohérent : le langage n'assure plus  la communication .entre les êtres ni la liaison entre les mots et les choses. Et pourtant, le langage est la seule chose à laquelle les personnages semblent désespérément s'accrocher pour créer un semblant d'harmonie et de sens.

II] Les grands thèmes de la pièce:

1. L'obsession de la fin et de la mort :

Le temps dans la pièce n'est pas linéaire même si l'absence de découpage en actes de la pièce laisse entendre que le temps de la représentation est celui des spectateurs. De nombreux passages ouvrent sur le passé ou sur le futur des personnages. Ce mouvement par lequel se trouvent juxtaposées les états lointains de l'existence rend plus sensible l'action de la mort. Beckett a su donner une épaisseur au temps à la fois mémoire et présage, qui fait de la vie ne éternité de souffrance.

2. Une comédie et des acteurs :

Il est un fil qui court tout au long de la pièce et qui laisse à penser que tout ce qui s'y passe n'est que comédie. En effet, en plusieurs endroits apparaît le vocabulaire de la comédie: « un aparté con !  C'est la première fois que tue entends un aparté. J'amorce mon dernier soliloque » (p 102). L'acteur est une ombre, ouvre un gouffre entre son être et ses manifestations, entre personne et personnage. C'est une des conséquences de l'absurdité qui fait de l'homme un pantin.

3. La progression et le ressassement :

La pièce est une accumulation de leitmotive obsédants et un ressassement de scènes identiques. Par exemples, les annonces du départ de Clov, le retour de « ce n'est pas l'heure de mon calmant ? », les remarques de Hamm sur le temps qui s'écoule... » sans oublier la gestuelle répétitive qui s'appuie sur l'organisation spatiale symétriques : deux fenêtres, deux poubelles ... Ces répétitions ont un effet structurant puisqu'elle se trouvent au point où s'articulent les séquences. Elle font aussi piétiner la pièce et rendent compte de la lenteur mortelle de l'écoulement du temps, de la vacuité des existences. Mais aussi, en accumulant la haine, les vexations, l'insupportable, elles accroissent la tension  dramatique jusqu'à son point de rupture « La fin est dans le commencement et cependant, cela avance » : la pièce est circulaire, le mouvement d'ouverture est aussi celui de la fin et rien ne dit que l'histoire d'une émancipation (celle de Clov) ne se referme pas sur le cercle d'une servitude.

4. Une comédie tragique ?

Ce que cette comédie met finalement en lumière, c'est la condition tragique d'être vidés de toute substance et la tragédie d'un langage devenu pure mécanique La frontière entre comique et tragique s'atténue et le rire, chez Beckett est avant tout un rire mécanique, de libération ou de compensation qui invite à la réflexion : « le rire, seule façon de supporter la tragédie de l'existence ».

 

Notions à retenir dans cette séquence : le théâtre de l'absurde ou Nouveau théâtre, le leitmotiv, didascalies, mise en abyme, la fonction phatique du langage, le tragique, le comique.

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